Objectifs
- Distinguer la fonction du passé composé de celle des autres temps du passé
- Conjuguer les verbes au passé composé
- Faire l'accord sur le participe passé quand c'est nécessaire
- Utiliser correctement le passé immédiat
Observez et déduisez
Qu'est-ce que vous remarquez par rapport aux parties soulignées du texte suivant ?
Il demanda :
— Eh bien ! comment ça s’est-il passé ?
Alors elle murmura, presque défaillante :
— Oh ! ça a été terrible, chez maman surtout.
Il était inquiet et frémissant.
— Votre maman ? Qu’est-ce qu’elle a dit ? Contez-moi ça.
— Oh ! ça a été affreux. Je suis entrée chez elle et je lui ai récité ma petite affaire que j’avais bien préparée. Alors elle a pâli, puis elle a crié : « Jamais ! jamais ! » Moi, j’ai pleuré, je me suis fâchée, j’ai juré que je n’épouserais que vous. J’ai cru qu’elle allait me battre. Elle est devenue comme folle ; elle a déclaré qu’on me renverrait au couvent, dès le lendemain. Je ne l’avais jamais vue comme ça, jamais ! Alors papa est arrivé en l’entendant débiter toutes ses sottises. Il ne s’est pas fâché tant qu’elle, mais il a déclaré que vous n’étiez pas un assez beau parti.
Comme ils m’avaient mise en colère aussi, j’ai crié plus fort qu’eux. Et papa m’a dit de sortir avec un air dramatique qui ne lui allait pas du tout. C’est ce qui m’a décidée à me sauver avec vous. Me voilà, où allons-nous ?
Bel-Ami, Guy de Maupassant (domaine public)
Considérez ces questions :
- Quelle est la différence entre les situations décrites par ces verbes et celles décrites par les verbes à l'imparfait (était, allait, etc.) ?
- Quels verbes ont l'auxiliaire avoir ? Lesquels ont l'auxiliaire être ? Qu'est-ce que les verbes avec l'auxiliaire être ont en commun ? L'auxiliaire est conjugué à quel temps ?
- Quels participes passés ont un e à la fin ? Pourquoi ? Comparez les paires de verbes suivants :
- elle a crié — elle est devenue
- il ne s'est pas fâché — je me suis fâchée
- papa m'a dit — ce qui m'a décidée
- Quelle est la place de la négation (ne...pas) et des complément pronominaux (lui, me, se, etc.) relative à ces verbes ?
Le passé composé est le temps le plus couramment utilisé pour désigner des actions accomplies dans le passé. Le passé composé peut être traduit en anglais de trois manières différentes selon le contexte.
Elle a mangé un peu de purée.
- ‘She ate some mashed potatoes’
- ‘She has eaten some mashed potatoes’
- ‘She did eat some mashed potatoes’
Ce temps s’appelle le passé composé car il est composé de deux éléments : le présent d’un verbe auxiliaire (soit avoir, soit être), suivi d’un participe passé :
passé composé = présent de l’auxiliaire + participe passé
Dans la plupart des cas, le verbe auxiliaire est avoir, mais certains verbes nécessitent être comme auxiliaire.
Le passé composé exprime généralement l’aspect perfectif, en contraste avec l’imparfait qui exprime l’aspect imperfectif (voir Verbes et Imparfait). Ceci veut dire que le passé composé est utilisé pour représenter une situation comme complète, avec un début et une fin. Des exemples de contextes où on voit le passé composé incluent :
- une action accomplie à un moment dans le passé
Il est arrivé ce matin en France.
- une action accomplie un certain nombre de fois
J’en ai parlé plusieurs fois avec lui.
- une série d’actions successives dans le passé
Nos lèvres se sont touchées, nos langues se sont rencontrées, puis il s’est écarté de moi, et a disparu dans les coulisses.
- une situation passée dont la durée est définie
J’ai été professeur pendant 35 ans.
- une réaction ou une situation qui a changé
Tu as été triste quand il est parti ?
Pour les verbes réguliers avec une terminaison infinitive en -er, le participe passé est formé en remplaçant le -er final de l’infinitif par -é. Par exemple, le participe passé de parler est parlé.
Le participe passé des verbes réguliers avec une terminaison infinitive en -ir est formé en supprimant le -r final de l’infinitif. Par exemple, le participe passé de finir est fini.
Le participe passé des verbes réguliers avec une terminaison infinitive en -re se forme généralement en remplaçant le -re final de l’infinitif par -u. Par exemple, le participe passé de perdre est perdu.
Notez que de nombreux verbes, cependant, ont des participes passés irréguliers. Les participes passés de nombreux verbes irréguliers communs sont énumérés ci-dessous.
- avoir (eu), être (été), faire (fait), ouvrir (ouvert), prendre (pris), mettre (mis), suivre (suivi), boire (bu), croire (cru), voir (vu), savoir (su), connaître (connu), dire (dit), lire (lu), écrire (écrit), pouvoir (pu), vouloir (voulu), devoir (dû), tenir (tenu), recevoir (reçu), naître (né), mourir (mort), venir (venu)
Le choix de l’auxiliaire dépend du verbe. La plupart des verbes prennent avoir comme auxiliaire, mais tous les verbes réfléchis et certains verbes intransitifs prennent être. Ces verbes appartiennent à quelques classes sémantiques — c’est-à-dire qu’ils ont des sens reliés. Mais comme c’est souvent le cas, ces classes ne sont pas sans exceptions. Il faut donc mémoriser la liste des verbes intransitifs qui prennent être comme auxiliaire. Certaines classes de verbes prennent être comme auxiliaire avec très peu d’exceptions, alors que d’autres en ont plus. Le tableau suivant présente ces classes de verbes dans une hierarchie de leur association avec l’auxiliaire être.
classe verbale |
exemples (avec être) |
exceptions (avec avoir) |
verbes réfléchis |
se laver, se parler, se dépêcher, se reposer, etc. |
(sans exception) |
changement de lieu |
aller, (re)venir, arriver, retourner, (r)entrer, partir, sortir, monter, descendre, tomber, passer, apparaître |
quelques exceptions : bouger, voyager, etc. |
changement d’état |
devenir, naître, mourir, décéder |
plusieurs exceptions : périr, rougir, fondre, grandir, etc. |
persistance de lieu/état |
rester, demeurer |
beaucoup d’exceptions : exister, durer, continuer, stagner, être, etc. |
🌍 Variation : Pour certains verbes, le choix de l’auxiliaire est absolu. Pour d’autres (typiquement des verbes moins communs) on observe de la variation. Le verbe apparaître prend normalement être, mais il n’est pas rare qu’il se voie avec l’auxiliaire avoir. De l’autre côté, les verbes paraître et disparaître prennent typiquement avoir, mais peuvent se conjuguer avec être, surtout pour souligner l’état résultant. Certains locuteurs préfèrent avoir pour les verbes monter et descendre pour évoquer le trajet plutôt que la destination. Cette variation est parfois régionale. Par exemple, dans plusieurs variétés nord-américaines, avoir est choisi assez souvent pour des verbes comme passer, retourner, et rester, même si la sélection d’être est toujours en vigueur pour d’autres verbes comme aller et venir.
N’oubliez pas que c’est seulement les verbes intransitifs (et réfléchis) qui peuvent se conjuguer avec être. Cela veut dire que si un verbe a un complément direct (même si le verbe prend normalement être), il prendra avoir comme auxiliaire.
Il a sorti un stylo de sa veste et retourné son sous-bock.
Alors que sortir et retourner prennent l’auxiliaire être au passé composé lorsqu’ils sont intransitifs, dans l’exemple ci-dessus ils sont utilisés transitivement (avec les compléments directs un stylo et son sous-bock). Ils prennent donc avoir.
🛈 Information : Pourquoi est-ce que le français a deux auxiliaires, et qu’est-ce qui distingue les verbes qui utilisent être ? C’est dû à la transitivité. Les verbes transitifs ont deux participants : un sujet, qui est plutôt actif dans l’action, et un complément, qui est plutôt passif dans l’action. Les verbes intransitifs n’ont qu’un participant (le sujet), qui est plutôt actif ou passif selon le verbe. Le sujet de danser est un agent qui montre de la volonté, alors que le sujet de tomber est un victime non-volontaire. Plusieurs langues reflètent cette différence dans la grammaire. Mais l’inventaire précis de ces deux groupes de verbes intransitifs (appelés inergatifs et inaccusatifs par les linguistes) diffère d’une langue à une autre. Les exceptions apparaissent quand la tendance de distinguer ces deux types de verbes se manifeste en conflit avec la tendance opposée de régulariser un maximum de verbes en utilisant le même auxiliaire.
Ne confondez pas les verbes rentrer, retourner, et revenir. Retourner ‘go back’ prend la perspective du point de départ, alors que revenir ‘come back’ prend la perspective de la destination. Rentrer a une perspective neutre, mais sa destination est généralement le lieu où on habite (rentrer chez moi).
J’avais eu mon dernier rdv en novembre, et je suis retournée voir ma psy hier.
En pleine nuit, ils sont partis au Mexique et ne sont pas revenus.
Nicolas Sarkozy est rentré de ses vacances au Maroc.
Attention au fait que rester veut dire ‘stay’ et non pas ‘rest’. Pour dire ‘rest’, le verbe est se reposer.
Il est resté à la maison pour s’occuper des mômes !
Hier, les 171 coureurs encore en compétition se sont reposés.
Le participe passé d’un verbe qui prend être s’accorde en genre et en nombre avec le sujet ; cela signifie qu’un -e est ajouté au participe passé pour s’accorder avec un sujet féminin et un -s est ajouté pour un sujet pluriel. Si le sujet est féminin et pluriel, -es est ajouté.
aller |
|
je suis allé(e) |
nous sommes allé(e)s |
tu es allé(e) |
vous êtes allé(e)(s) |
il est allé elle est allée on est allé(e)(s) |
ils sont allés elles sont allées |
Elles sont donc parties et elles sont allées chez un docteur.
Maria est morte des fièvres il y a quelques mois.
On est montés dans la voiture, on a démarré.
La nuit, le thermomètre est descendu aux environs de vingt degrés sous zéro.
Le participe passé d’un verbe qui prend avoir ne s’accorde pas avec le sujet. Néanmoins, il peut faire l’accord avec un complément direct qui précede le verbe. Typiquement, les compléments directs suivent le verbe, et il n’y a pas d’accord. Mais le complément direct peut précéder le verbe dans les circonstances suivantes :
- si le complément direct est un pronom
Tu les as rencontrés il y a quelque temps.
- si le verbe est dans une phrase relative
C’est une déclaration que vous avez faite à la presse le 9 août.
Notez que le participe passé ne s’accorde pas avec un complément oblique, même s’il précède le verbe.
Je leur ai dit de ne pas compter sur moi.
Un verbe réfléchi est un verbe qui a un pronom réfléchi, c’est-à-dire un pronom renvoyant à son sujet. Ces verbes sont facilement reconnaissables par le pronom se avant l’infinitif : se lever, se laver, se promener, etc.
Au passé composé, les verbes réfléchis sont conjugués avec être comme auxiliaire. Notez que le pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous, se) précède l’auxiliaire. Le participe passé des verbes réfléchis s’accorde en genre et en nombre avec le pronom réfléchi si c’est un complément direct. Le participe passé fait l’accord avec le sujet si le verbe est idiomatiquement réfléchi ou si c’est dans la construction médiopassive. Le participe passé ne fait pas l’accord si le pronom réfléchi est un complément oblique (voir Verbes réfléchis).
s’amuser |
|
je me suis amusé(e) |
nous nous sommes amusé(e)s |
tu t’es amusé(e) |
vous vous êtes amusé(e)(s) |
il s’est amusé elle s’est amusée on s’est amusé(e)(s) |
ils se sont amusés elles se sont amusées |
Très rapidement, il s’est réveillé.
Victoire s’est réveillée à 6h en pleine forme.
Le matin, on s’est réveillés avec un super soleil et une super vue !
Hier, les deux présidents se sont parlé. (se = complément oblique, aucun accord)
Dans le deuxième exemple ci-dessous, le complément direct les dents de devant est placé après le verbe; il n’y a donc pas d’accord avec le pronom réfléchi, qui est complément oblique.
Elle s’est maquillée et coiffée.
Elle s’est cassé les dents de devant.
La négation du passé composé se forme en plaçant ne … pas autour de l’auxiliaire avoir ou être : Je ne suis pas allé(e), Tu n’as pas fait, etc.
Pour les verbes réfléchis, le ne précède le pronom réfléchi et le pas suit l’auxiliaire : je ne me suis pas amusé(e)
Si une question est posée par inversion du pronom sujet et du verbe, et le verbe est au passé composé, c’est l’auxiliaire qui précède le sujet. Le participe passé suit le sujet. L’auxiliaire et le pronom sujet sont liés par un tiret.
As-tu goûté tes produits ?
N’avez-vous pas oublié certains détails à préciser ?
Lorsque venir se conjugue au présent et est suivi de de + infinitif, cela signifie « avoir fait quelque chose tout récemment ». Cette construction s’appelle le passé immédiat.
Ce que vous venez de dire est très intéressant.
La version 3 vient de sortir et elle est disponible sur Internet.
Quand venir se conjugue à l’imparfait suivi de de + infinitif, cela veut dire « avait fait quelque chose tout récemment » :
Je venais de rentrer quand Maurice est arrivé.
Ce qu’elle venait d’entendre lui semblait complètement incroyable.
Vérifiez votre compréhension